La litterature

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Bibliographie des oeuvres raontant la guerre d'Algerie . (posté le 29/01/2010 à 09:43)

La question, de Henri Alleg

Les appelés en guerre d'Algérie, de Benjamin Stora

L'Ennemi intime, de Patrick Rotman

La guerre d'Algérie, de Alain-Gérard Slama

Les crimes de l'armée française, Algérie 1954-1962 , de Pierre Vidal-Naquet

La Guerre d’Algérie, 1954-2004 : La fin de l’amnésie

Les Français et la guerre des deux Républiques, Jean-Pierre Rioux

Constantine - 1954 : entre l’insurrection et la dissidence, Abdelmajid Merdaci

Les pieds-noirs, Daniel Lefeuvre

La guerre d’Algérie : combien de morts ? Guy Pervillé

OAS : la guerre franco-française d’Algérie, RémiKauffer

La guerre d’Algérie et les arts plastiques, Malika Dorbani

ranche Raphaëlle, La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie, 1954-1962

La Guerre d'Algérie : une histoire apaisée ?

par Raphaëlle Branche

La gangrène et l'oubli : La mémoire de la guerre d'Algérie

par Benjamin Stora

Djamal AMRANI, Le Témoin

Maurice FAIVRE, Les archives inédites de la politique algérienne

Etudes internationals, La révolution algérienne et la guerre froide (1954-1962)

Kateb KAMEL, Européens, "indigènes" et juifs en Algérie (1830-1962)

Pierre MONTAGNON, La Guerre d’Algérie. Genèse et engrenage d’une tragédie

Amar OUZEGANE, Le Meilleur Combat


L'histoire d'un roman historique ! (posté le 15/01/2010 à 11:26)

 Henri ALLEG : La question .

 

1 ) Biographie d'Henri ALLEG

 


Henri ALLEG est en fait le pseudonyme de Harry SALEM , il est né a Londres en 1921 dans une famille juive aux origines russes et polonaise . Henri ALLEG passa son enfance en France et s'installe en Algerie en 1939 , làs-bas il milite au sein du Parti Communiste Algerien et devient en 1951 le directeur du quotidien
Alger republucain . En septembre 1955, à cause de l'ouverture du journal qui publit des articles parlant de toutes les tendances democratique et nationale algerienne , Alger republicain est interdit . Henri se battra pour faire lever cette interdiction , multipliant les efforts et les demarches administratives , dans le même temps il publit anonymement des articles en France , notamment dans l'Humanité . Ses efforts sont tout de meme recompensés etant donnée que , rapidement apres l'interdiction celle ci fut jugée illegale par le Tribunal administratif d'Alger , mais malheureusement les autorités continuent de s'opposer à la reparution du journal .
En 1956 afin d'echapper aux autorités qui internent la plupart des collaborateurs de son journal , Alleg passe dans la clandestinité . Mais le 12 juin 1957 , c'est chez son compagnon Maurice AUDIN , arreté et torturé à mort quelques jours auparavant , qu'il est arreté par les parachutistes de la 10eme D.P ( Division Parachutiste ) qui lui diront : " Salaud , tu as ecrit des articles sur la torture , eh bien maintenant c'est la 10eme D.P qui va la pratiquer sur toi ! " . Ainsi il sera sequestré et sauvagement torturé pendant un mois à El-biar ( banlieue d'Alger ) , c'est le recit de cette détention qu'il fait dans
La question . Apres ce sejour horrible a El-biar , Henri ALLEG est transferé au " centre d'hebergement " de Lodi d'ou il envoi en juillet 1957 une copie de la plainte qu'il a deposé et dans laquelle il denonce les tortures dont il a été victime au Procureur general d'Alger . Cette plainte fut diffusée et eue un grand retentissement  dans toute la presse de l'epoque ; Francaise autant que internationale et à partir de sa diffusion des rumeurs de deces circulent sur Henri ALLEG . Le 17 aout 1957 il est enfin presenté a un magistrat instructuer qui le transfereras a Barberousse , la prison civile d'Alger .
En novembre 1960 , le journaliste et inculpé en tant que menbre du PCA " d'atteinte a la sureté nationale " et de " reconstitution de ligue dissoute " et est condamné a 10 ans de prison , là la justice a agit ...
Après son inculpation il est transferé an France et est incarceré a la prison de Rennes . Profitant d'un sejour a l'hopital et avec l'aide des millitants pour la cause communiste ; il s'evade et rejoint la Tchecoslovaquie ..
Apres les accrods d'Evian Henri ALLEg reviendras en Algerie où il obtiendra la nationalité algerienne pour " service rendu au pays" mais il reviendras tout de meme se reinstaller en France en 1965 suite au coup d'etat d'Houari BOUMEDIENE .
Il participera à la reparution
d'Alger republicain en 1962 .
Depuis Henri continut de se battre pour l'inculpation de ses tortionnaires afin de sanctionner ces actes intolerables , malgres des preuves irrefutables telles que le fait que Henri ALLAG fut confronté avec les officiers et policiers qu'il avait designé comme ses tortionnaires et contre lesquels d'autre plaintes ont etaient deposées pour les meme motifs , et que , accompagné du juge militaire chargé d'instruire le dossier il a visité les locaux du camp d'El-biar qu'il avait parfaitement decrits auparavant , de plus à son arrivé au camp de Lodi un certificat medical avait etablit que des marques de liens aux poignets et aussi des cicatrises de brulures etaient nettement visibles , mais là la justice n'agit pas ! La plainte D'ALLEG etant toujours en " instruction " .
En 2005 il co-signe une lettre adressé au president de la republique demandant a l'Etat francais de reconnaitre l'abandon des harkis par la France  .

 

 

 


 2 ) L'histoire du livre .

 

Incarceré un mois a El-biar ,l’avocat Léo Matarasso, l’un des organisateurs du tribunal Russel sur les crimes de guerre commis au Vietnam, l’invite à écrire et à publier son témoignage ainsi Henri ALLEG fait passer chaque jour a son avocat environ quatre carrés de papier qu'il a dissimulé dans ses pantoufles et ses sous vetements . Sur c'est pages pliées en mouchoir de poche il decrit jour apres jour l'ordinaire du camp raconte ,d'une maniere qui seras plus tard qualifiée de breve , seche et d'un syle nu  ,la barbarie des hommes , les atrocités commises entre les murs du " centre de tri " de El-biar et dénonçe nommément les tortionnaires sous des initiales qui ne trompent personne. . Ainsi c'est pages sont transmises par son avocat a la femme de Henri ALLEG : Gilberte , qui est en metropole et qui reuniras les lettres en un livre ; La question .
L'editeur Jérôme LINDON intitule l'oeuvre : La Question, l’ouvrage rédigé avec une remarquable économie de la langue est imprimé et mis en vente le 12 février 1958, en plein coeur de la guerre d’Algérie, , elle fit immediatementl’effet d’une bombe et est menacé par la censure .  Des journaux qui avaient signalé l’importance du texte furent saisis.Sartre titra son article de "l’Express" consacré à son témoignage "la Question" : "Une victoire". "L’Express" fut saisi, mais le livre ainsi que l’article de Sartre firent le tour du monde.   quatre semaines plus tard, le jeudi 27 mars 1958 dans l’après-midi, les hommes agissant sur commission rogatoire du commandant Giraud, juge d’instruction auprès du tribunal des forces armées de Paris, saisirent une partie de la septième réédition de La question dans le cadre d’une information ouverte contre X pour démoralisation de l’armée. 
Des artistes se reunissent afin de protester contre l'interdiction de La question , et adresse une lettre au president de la republique :
ADRESSE SOLENNELLE À M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Les soussignés
– protestent contre la saisie de l’ouvrage d’Henri Alleg La Question, et contre toutes les saisies et atteintes à la liberté d’opinion et d’expression qui l’ont récemment précédée 
– demandent que la lumière soit faite, dans des conditions d’impartialité et de publicité absolue, sur les faits rapportés par Henri Alleg
– somment les pouvoirs publics, au nom de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de condamner sans équivoque l’usage de la torture, qui déshonore la cause qu’il prétend servir.
Avril 1958.
André Malraux,
Roger Martin du Gard, 
François Mauriac, 
Jean-Paul Sartre.
Mais malgres la saisit du livre le recit de ALLEG continu son chemin , déjà soixante-cinq mille exemplaires ont été vendus , le livre ayant etait réedité 5 fois , et seulement quatre jour apres l'interdiction de parution Nils ANDERSON le réedite en Suisse ce qui permet au livre d'etre diffusé clandestinement . La Question a, depuis, été traduit dans une trentaine de langues!
Symboliquement precedé de " La victoire" de Sartre , La question a etait edité dans les pays suivantd : Suède, Pays-Bas ,Grande-Bretagne , Italie , Japon , Danemark , Allemagne fédérale , République démocratique , Tchécoslovaquie , Hongrie , Roumanie, Suisse, États-Unis.
Le recit que fait ALLEG dans son livre fut aussitot percu comme emblematique , ce fut une " meteorite " ! La sensation de cri maîtrisé a rendu celui-ci d’autant plus insupportable : des horreur et des atrocités inimaginables étaient dites sur un ton sec et franc. 
 A l’instar de J’accuse, ce livre minuscule est une grande reference pour l'histoire de la torture pendant la guerre d'Algerie . Il est toujours au catalogue de Minuit.
« En attaquant les Français corrompus, c’est la France que je défends »
Les quelques lignes en tete du premier chapitre ne laisse aucun doute sur ce qui va suivre : un temoignage digne , fier ,  formel et pourvu d'une mission . Et c’est exactement ce que nous trouvons. 
« je n’oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut-être utile »…
           A peine arrivé, Alleg voit des « prisonniers jetés à coup de matraque d’un étage à l’autre et qui, hébétés par la torture et les coups, ne savent plus que murmurer en arabe les premières paroles d’une ancienne prière ». Des nuits entières , il entendra hurler de douleur des hommes que l’on torture ainsi que des femmes amenées et enfermées dans l’autre aile du bâtiment telles que : Djamila Bouhired, Elyette Loup, Nassima Hablal, Melika Khene, Lucie Coscas, Colette Grégoire et d’autres encore.
            C’est avec une sensation bizarre , de la peur , du stresse et beaucoup d'interrogations que l’on assiste aux préparatifs de l’interrogatoire. La scène est choquante , et imaginer est d'une facilité extreme , C'est tellemnt etonnant la simplicité avec laquelle la victime doit se prêter au jeu ! Alleg se déshabille seul, s’allonge seul, nu sur une planche noire, « souillée et gluante de vomissures ». On l’attache, on lui parle presque poliment: « ça va faire mal si vous ne parlez pas ».
           Et puis, une barbarie inomable commence . Une violence qui creve l'âme ! Un sadisme inoui!C'est incroyable ! Et tellement ecoeurant a la fois !  La torture d’Alleg et raconter au fil des pages que l’on passe, haletant , stressé ! Les paras se passent le relai : . On l’asperge d’eau. On lui branche la pince sur le sexe,sur l’oreille,on lui plonge les fils denudés dans la gorge ; on veu le faire souffrir atrocement ! Le courant soude sa mâchoire. 
Un martyre d’une horreur indescriptible , pire qu'une torture ! MAis Alleg  est fort , il tient bon. 
           Et comme il tient bon il faut utlliser " la grande artillerie ", c’est la grosse Gégène. « je sentis une différence de qualité. Au lieu de morsures aiguës et rapides qui semblaient me déchirer le corps, c’était maintenant une douleur plus large qui s’enfonçait profondément dans tous mes muscles et les tordait plus longuement ».Mais malgres tout ca il ne parle toujours pas. Donc dans toujours le meme but qui est de le faire parler ,les paras changent de tactique ; un linge sur la tête, on lui applique le supplice du robinet ; il défaille mais reste come toujours muet…  
STOP ! C'est fini ... Enfin on le laisse tranquille . 
Cette première séance  aura duré 12 heures au total . On le jette sur une paillasse couverte de fils barbelés . Un peu de repos ...
    Quelques heures après, on l'arrache à son sommeil et on le rebranche aux électrodes… Mais il ne dit toujours et encore rien ! aLLEG commence a inspirer une certaine admiration aux parachutistes , il n'en reviennent pas , c'est vraiment un dur !
Mais comme Alleg ne dénonce aucun de ses amis ; les tortionnaires diversifent les moyens de le faire souffrir ; l’eau, l’asphixie, les brûlures, les passages à tabac, les simulacres d’exécution, l’intimidation : « Ils avaient torturé Mme Touri (la femme d’un acteur bien connu de radio Alger) devant son mari, pour qu’il parle ». Henri ALLEG s'inquiete alors à l’idée de voir un jour apparaître sa femme… Il sait que devant elle il craquerat . « Et brusquement, j’entendis des cris terribles. Tout près, sans doute dans la pièce d’en face. Quelqu’un qu’on torturait. Une femme. Je crus reconnaître la voix de Gilberte ». Mais il se trompe ; car sa femme est en métropole.
            A la fin de plusieurs jours de tourment, il est insensible , son corps ne sent plus rien : « ils pouvaient peut-être m’arracher les ongles ; je m’étonnai aussitôt de ne pas en ressentir plus de frayeur et je me rassurai presque à l’idée que les mains n’avaient que dix ongles ». Son corps, ses muscles, son âme ne répondent plus , ne resentent plus rien ; les coups, l’électricité sont inutiles ; les paras sont totalement impuissants… 
Dans un suprême effort, ils essayent alors le pinthotal. Cette Scène est à ne pas rater ! Mais pas plus de résultat! 
        La rumeur de l’exécution rôde autour de lui. « Il ne vous reste plus qu’à vous suicider », lui dit l’aide de camps du général Massu, le lieutenant Mazza ; envoyé comme ultime espoir…
           
            Lire le livre de Henri Alleg aujourd’hui n’est en aucun cas un exervice de dépoussiérage du passé colonial. Il est hélas d’une actualité brûlante ! Au-delà des tortures et des massacres perpétrés par la France depuis la fin de la seconde guerre mondiale en Afrique, il faut considérer ce livre comme une pièce d’un puzzle monstrueux.

Incarceré un mois à El-biar Henri ALLEG est invité à ecrire et à publier son temoignage par l’avocat Léo Matarasso, l’un des organisateurs du tribunal Russel sur les crimes de guerre commis au Vietnam. Ainsi Henri ALLEG fait passer chaque jour a son avocat environ quatre carrés de papiers qu'il a dissimulé dans ses pantoufles et ses sous vétements . Sur ces pages pliées en mouchoir de poche il decrit jour après jour l'ordinaire du camp raconte ,d'une maniere qui sera plus tard qualifiée de breve , seche et d'un style nu ,la barbarie des hommes , les atrocitées commises entre les murs du " centre de tri " de El-biar et dénonçe nommément les tortionnaires sous des initiales qui ne trompent personne... Les pages qu'il ecrit par la suite sont transmises par son avocat à sa  femme : Gilberte , qui reunira les lettres en un livre ; La question .

L'editeur Jérôme LINDON intitule l'oeuvre : La Question, l’ouvrage rédigé avec une remarquable économie de la langue est imprimé et mis en vente le 12 février 1958, en plein coeur de la guerre d’Algérie, , il fit immediatement l’effet d’une bombe et est menacé de censure . Des journaux qui avaient signalé l’importance du texte furent saisis.Sartre titra son article de "l’Express" consacré à son témoignage "la Question" : "Une victoire". "L’Express" fut saisi, mais le livre ainsi que l’article de Sartre ont déjà fait le tour du monde. quatre semaines plus tard, le jeudi 27 mars 1958 dans l’après-midi, les hommes agissant sur commission rogatoire du commandant Giraud, juge d’instruction auprès du tribunal des forces armées de Paris, saisirent une partie de la septième réédition de La question dans le cadre d’une information ouverte contre X pour démoralisation de l’armée.

 

Des artistes se reunissent afin de protester contre l'interdiction de La question , et adresse une lettre au president de la republique :

 

ADRESSE SOLENNELLE À M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

 

Les soussignés

– protestent contre la saisie de l’ouvrage d’Henri Alleg La Question, et contre toutes les saisies et atteintes à la liberté d’opinion et d’expression qui l’ont récemment précédée

– demandent que la lumière soit faite, dans des conditions d’impartialité et de publicité absolue, sur les faits rapportés par Henri Alleg

– somment les pouvoirs publics, au nom de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de condamner sans équivoque l’usage de la torture, qui déshonore la cause qu’il prétend servir.

 

Avril 1958.

André Malraux,

Roger Martin du Gard,

François Mauriac,

Jean-Paul Sartre.

****

 

 Le recit que fait ALLEG dans son livre fut aussitôt percu comme emblématique , ce fut une "météorite " ! La sensation de cri maîtrisé a rendu celui-ci d’autant plus insupportable : des horreurs et des atrocitées inimaginables y sont dites sur un ton tellement sec et franc que il est très facile d'imaginer les scènes.

Malgres la saisit du livre le recit de ALLEG continu son chemin , déjà soixante-cinq mille exemplaires ont été vendus , le livre ayant etait réedité 5 fois , et seulement quatre jours apres l'interdiction de parution Nils ANDERSON le réedite en Suisse ce qui permet au livre d'etre diffusé clandestinement . La Question a, depuis, été traduit dans une trentaine de langues!Symboliquement précedé de " La victoire" de Sartre , La question a était editée dans les pays suivant : Suède, Pays-Bas ,Grande-Bretagne , Italie , Japon , Danemark , Allemagne fédérale , République démocratique , Tchécoslovaquie , Hongrie , Roumanie, Suisse, États-Unis.

A l’instar de J’accuse, ce livre minuscule est une grande réference pour l'histoire de la torture pendant la guerre d'Algérie et est la première oeuvre qui l'a dénoncée !
Il est toujours au catalogue de
Minuit.

 

 

 3 ) Ce qui nous est raconté dans ce livre historique .

 

« En attaquant les Français corrompus, c’est la France que je défends »

Les quelques lignes en tête du premier chapitre ne laisse aucun doute sur ce qui va suivre : un temoignage digne , fier , formel et pourvu d'une mission . Et c’est exactement ce que nous trouvons.

« je n’oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut-être utile »…

 

 A peine arrivé, Alleg voit des « prisonniers jetés à coup de matraque d’un étage à l’autre et qui, hébétés par la torture et les coups, ne savent plus que murmurer en arabe les premières paroles d’une ancienne prière ».

Des nuits entières , il entendra hurler de douleur des hommes que l’on torture ainsi que des femmes amenées et enfermées dans l’autre aile du bâtiment telles que : Djamila Bouhired, Elyette Loup, Nassima Hablal, Melika Khene, Lucie Coscas, Colette Grégoire et d’autres encore.

 

C’est avec une sensation bizarre , de la peur , du stress et beaucoup d'interrogations que l’on assiste aux préparatifs de l’interrogatoire. La scène est choquante , c'est tellemnt etonnant la simplicité avec laquelle la victime doit se prêter au jeu ! Alleg se déshabille seul, s’allonge seul, nu sur une planche noire, « souillée et gluante de vomissures ». On l’attache, on lui parle presque poliment: « ça va faire mal si vous ne parlez pas ».

Et puis, une barbarie innommable commence . Une violence qui creve l'âme ! Un sadisme inoui!C'est incroyable et tellement ecoeurant à la fois ! La torture d’Alleg et raconter au fil des pages que l’on passe, haletant , stressé ! Les paras se passent le relai : On l’asperge d’eau. On lui branche la pince sur le sexe,sur l’oreille,on lui plonge les fils denudés dans la gorge ; on veut le faire souffrir atrocement ! Le courant soude sa mâchoire.

Un martyre d’une horreur indescriptible , pire qu'une torture ! MAis Alleg est fort , il tient bon.

Et comme il tient bon il faut utiliser " la grande artillerie ", c’est la grosse Gégène. « je sentis une différence de qualité. Au lieu de morsures aiguës et rapides qui semblaient me déchirer le corps, c’était maintenant une douleur plus large qui s’enfonçait profondément dans tous mes muscles et les tordait plus longuement ».Mais malgres tout ca il ne parle toujours pas. Donc dans toujours le meme but qui est de le faire parler ,les paras changent de tactique ; un linge sur la tête, on lui applique le supplice du robinet ; il défaille mais reste come toujours muet…

STOP ! C'est fini ... Enfin on le laisse tranquille .

Cette première séance aura duré 12 heures au total . On le jette sur une paillasse couverte de fils barbelés . Un peu de repos ...

 

Quelques heures après, on l'arrache à son sommeil et on le rebranche aux électrodes… Mais il ne dit toujours et encore rien ! ALLEG commence a inspirer une certaine admiration aux parachutistes , il n'en reviennent pas , c'est vraiment un dur !

 

 

Mais comme Alleg ne dénonce aucun de ses amis ; les tortionnaires diversifent les moyens de le faire souffrir ; l’eau, l’asphixie, les brûlures, les passages à tabac, les simulacres d’exécution, l’intimidation : « Ils avaient torturé Mme Touri (la femme d’un acteur bien connu de radio Alger) devant son mari, pour qu’il parle ». Henri ALLEG s'inquiete alors à l’idée de voir un jour apparaître sa femme… Il sait que devant elle il craquera . « Et brusquement, j’entendis des cris terribles. Tout près, sans doute dans la pièce d’en face. Quelqu’un qu’on torturait. Une femme. Je crus reconnaître la voix de Gilberte ». Mais il se trompe ; car sa femme est en métropole.

 

A la fin de plusieurs jours de tourment, il est insensible , son corps ne sent plus rien : « ils pouvaient peut-être m’arracher les ongles ; je m’étonnai aussitôt de ne pas en ressentir plus de frayeur et je me rassurai presque à l’idée que les mains n’avaient que dix ongles ». Son corps, ses muscles, son âme ne répondent plus , ne ressentent plus rien ; les coups, l’électricité sont inutiles ; les paras sont totalement impuissants

Dans un suprême effort, ils essayent alors le pinthotal. Cette scène est à ne pas rater ! Mais pas plus de résultat!

 La rumeur de l’exécution rôde autour de lui. « Il ne vous reste plus qu’à vous suicider », lui dit l’aide de camps du général Massu, le lieutenant Mazza ; envoyé comme ultime espoir…

 

 

Lire le livre de Henri Alleg aujourd’hui n’est en aucun cas un exervice de dépoussiérage du passé colonial. Il est hélas d’une actualité brûlante ! Au-delà des tortures et des massacres perpétrés par la France depuis la fin de la seconde guerre mondiale en Afrique, il faut considérer ce livre comme une pièce d’un puzzle monstrueux.


4) Deux articles de journaux important dediés au livre d'Henri ALLEG .

 

Jean-Paul Sartre (Une Victoire, 1958)

« Jusqu’ici, ceux qui osaient porter témoignage, c’étaient des rappelés, des prêtres surtout... Ils nous montraient des sadiques courbés sur des loques de chair. Et qu’est-ce qui nous distinguait de ces sadiques ? Rien, puisque nous nous taisions...
Avec La Question, tout change : Alleg nous épargne le désespoir et la honte parce que c’est une victime et qui a vaincu la torture... Nous nous fascinions sur le gouffre de l’inhumain... L’inhumain n’existe nulle part, sauf dans les cauchemars qu’engendre la peur. Et justement le calme courage d’une victime, sa modestie, sa lucidité nous réveillent pour nous démystifier : Alleg vient d’arracher la torture à la nuit qui la couvre.
En intimidant ses bourreaux, il a fait triompher l’humanisme des victimes et des colonisés... Et que ce mot de “ victimes ” n’aille pas évoquer je ne sais quel humanisme larmoyant : au milieu de ces petits caïds, fiers de leur jeunesse, de leur force, de leur nombre, Alleg est le seul dur, le seul qui soit vraiment fort. Nous autres, nous pouvons dire qu’il a payé le prix le plus élevé pour le simple droit de rester un homme parmi les hommes. Mais il n’y pense même pas. »

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François Mauriac (L’Express, 1958)

« Tout ce qui a été dénoncé reçoit ici, d’une des victimes, un témoignage sobre, qui a le ton neutre de l’Histoire... Quel coup vous avez porté à l’Armée, vous qui prétendez la défendre contre nous !... Comment se peut-il que le livre d’Henri Alleg n’ait pas suscité chez tous les Français, chrétiens ou humanistes, la même stupeur, la même horreur ? Je me retiens de demander à mes amis, à ceux de mes confrères qui tiennent une plume, qui disposent d’une tribune : “ Avez-vous lu La Question d’Henri Alleg ? ” J’aime mieux supposer qu’ils ne l’ont pas lu, et les faire bénéficier de ce doute. »

 

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